Le Syndrome du martyr

“L’univers ne met sur ton chemin que ce que tu peux surmonter” “ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort” ou “on vit des épreuves pour apprendre”

Tu as sûrement déjà entendu ces phrases, j’en entend beaucoup dans tout ce qui est développement personnel et j’en ai franchement raz le bol.

Alors certes, je peux comprendre le but qui est de donner du courage, mais chaque cas est unique et finalement la formulation peut être maladroite, voire nocive.

Non, tu n’as pas besoin de souffrir pour apprendre, tu peux évoluer sans avoir à aller mal, tu peux trouver ta force sans avoir à surmonter un état dépressif, et non, tout ce qui se met sur ton chemin n’est pas une épreuve divine pour te tester. C’est franchement insultant pour les personnes victimes de violences voire suicidaires de leur dire que tout arrive pour une raison et que ça les rendra plus fort. Certaines choses détruisent une vie et ce genre de phrase peut carrément invalider la dureté de ce qu’il se passe.

Ce genre de comportement est assez courant et dans la lignée d’une certaine méritocratie où il faut souffrir pour mériter quelque chose.

En réalité, notre culture actuelle et son héritage chrétien baigne dans cette idée que les souffrances sont nécessaires, que nous devons sans arrêt passer des épreuves. Que nous sommes, finalement, dans une expiration constante du pêcher originel et que notre bonheur se mérite au prix de souffrances proportionnelles.

On a ainsi une certaine vision du travail qui n’est un vrai travail que lorsqu’il est désagréable, de la “vraie” vie qui ne doit pas être toute rose, etc… On glorifie les martyrs, plus ils souffrent et plus ils méritent leur place au paradis, on glorifie le sacrifice de soi. Alors je ne dis pas d’être ultra égoïstes mais derrière, il faut prendre du recul : te sacrifier ne te rendra pas plus méritant.e. Ça ne fera pas de toi une meilleure personne. Tu risque même de te placer dans le triangle de Karpman…

Sortir des conflits grâce au triangle de karpman

Et au final, le danger est de se dire inconsciemment qu’il faut tomber au fond du trou pour évoluer et se faire du mal pour mériter quelque chose. Notre vision du travail est totalement biaisée et donne lieu à des personnes qui estiment qu’il est normal de souffrir dans leur emploi et qu’au contraire, ce n’est pas un vrai métier quand on aime ce qu’on fait. Notre façon de considérer ce qui est normal (ce mot est à prendre avec des pincettes) est biaisée, qui ne s’est jamais dit « oh mon dieu il m’arrive trop de trucs bien en ce moment, qu’est-ce qui va me tomber dessus ? » comme si finalement l’ordre naturel des choses était de galérer.

Certes, j’ai appris beaucoup de choses des souffrances que j’ai vécues mais j’aurais pu les apprendre autrement et je suis encore en train de soigner ces blessures très profondément ancrées. Donc bon, le quota destruction/bénéfice n’est pas équilibré. Je trouve également glaçant ces personnes qui estiment qu’ils n’ont pas assez souffert et que c’est pour cela qu’ils n’atteignent pas leur objectif (si si il y en a !) ou encore qui basent leur jugement de valeur sur le taux de souffrance vécue.

Qu’on se le dise clairement : tu n’es pas là pour souffrir, tu peux évoluer sans aller mal, tu mérites ce qui t’arrive de bien et ta valeur ne dépend pas du niveau d’ennuis que tu as surmonté.

Ta vie n’est pas un concours et tu ne gagnera rien à devenir un.e martyr.

Publié par Rainbow Sheep

Exploratrice de mondes

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